L’IMPORTANT C’EST DE PARTICIPER ?

Du 4 au 20 février les XXIV Jeux olympiques d’hiver vont se dérouler à Pékin, suivis des Jeux Paralympiques du 4 au 13 mars. Les 3000 athlètes, inscrits dans les 109 épreuves regroupant 15 sports, les préparent depuis quatre ans et les attendent donc avec impatience pour pouvoir briller dans leur discipline. Quant aux téléspectateurs, si l’on s’en réfère aux chiffres de PyeongChang ,ils sont également nombreux à s’y intéresser, puisque plus de 33 millions de français avaient regardé les JO au moins une heure en 2018. Mais quelques convives, dont certains indésirables, sont venus s’inviter aux réjouissances.

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Les invités habituels

Les athlètes bien sûr et leur entourage qui sont les invités numéro 1 à la table olympique. Par glissement sémantique passons tout de suite de la table aux repas qui risquent de s’avérer un peu tristounets. Servis par des robots, avec des assiettes tombant du ciel, contenant peut-être du boeuf chinois aux hormones (attention dopage ), les repas ne seront guère un endroit d’échange et de convivialité puisque les sportifs seront séparés par du plexiglass. Pour leur temps libre ou de repos , les athlètes retrouveront leur village olympique, au nombre de trois , correspondant aux trois sites olympiques choisis. A Pékin, ils logeront dans un des 20 immeubles d’une capacité de 2300 lits. Plus chanceux les sportifs pratiquant leur discipline sur le site de Yanqing pourront se reposer dans un village olympique conçu selon les caractéristiques culturelles des villages montagneux du nord de la Chine. Le dernier site, celui de Zhangjiakou, offre 31 bâtiments d’un aspect plutôt agréable. Mais en raison du deuxième invité, dont nous allons bientôt parler, ces zones olympiques ont été transformées en véritables camps retranchés, entourés de centaines de kilomètres de clôtures et surveillés par des gardes patrouillant en tenue de protection intégrale. Les athlètes devront aussi croiser dans les couloirs du personnel dans la même tenue. L’ambiance olympique ne sera pas vraiment au rendez-vous !

Village olympique de Zangjiakou

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Village olympique de Pékin

Un invité indésirable

Certes il retrouve son pays d’origine, mais il faut reconnaître qu’avec lui, le Covid, l’organisation de cette manifestation n’a pas été rendue très facile et il peut encore faire planer une menace sur la compétition. La triple vaccination a été exigée ainsi que le port d’un masque FFP2 pour toutes les délégations qui seront confinées dans une bulle sanitaire géante. Tout contact est bien évidemment interdit avec la population. Des dépistages , nez et gorge, seront quotidiens ainsi qu’une prise de température deux fois par jour. Une application va être installée sur le téléphone des participants, quatorze jours avant l’arrivée en Chine, pour permettre leur suivi sanitaire. Chaque organisation dès son arrivée sera placée sous le contrôle d’un agent de liaison chinois.

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Personne ne peut affirmer cependant qu’il n’y aura de problèmes de contamination. Même si les mesures restent assez floues pour les possibles contaminés, les autorités chinoises ont prépositionné des hôpitaux pour les recevoir. Tout le personnel, volontaires, cuisiniers, chauffeurs… ne pourra sortir des zones olympiques qu’après le 13 mars et une période de quarantaine.

Les non invités

Suite à la présence du précédent convive, le public étranger a été interdit de participation ainsi que le public chinois dont, au départ, on avait prévu la présence en limitant le nombre de spectateurs à 3000 personnes par compétition. Mais finalement seuls quelques élus, fonctionnaires et employés d’entreprises publiques, pourront s’asseoir sur des gradins vides en se contentant d’applaudir, mais sans crier.

Un invité essentiel, la finance

Loin des 12,9 milliards de PyeongChang et de la somme astronomique engagée à Sotchi, de 36 à 50 milliards, Pékin n’aurait dépensé qu’ 1,5 milliards de fonds publics et privés pour la construction de nouveaux stades, de villages olympiques , ceci sans compter le financement de l’autoroute et de la ligne ferroviaire reliant Pékin à Chongli. Même si beaucoup d’infrastructures existantes depuis 2008 comme le célèbre Nid d’oiseau vont être réutilisées, il a fallu construire des sites pour le ski alpin avec l’idée, après les Jeux, de développer cette pratique sportive presque encore inexistante en Chine mais très consommatrice d’eau pour la gestion de cette ressource.

Une invitée prestige, l’écologie ?

En ce qui concerne l’air, Pékin a mis en place des mesures drastiques pour en améliorer la qualité. Les aciéries ont divisé par deux leur production, des centrales à charbon ont été fermées et beaucoup de poêles à charbon ont été remplacés par des chauffages électriques ou à gaz. D’où un mieux dans la qualité de l’air de la capitale chinoise.

En revanche le choix d’un région montagneuse particulièrement sèche et peu recouverte par la neige a obligé les organisateurs à utiliser de la neige artificielle. Pour cela, 300 canons à neige ont été installés dont le coût en eau approchera les 185 millions de litres. Argument écologique, l’eau retournera dans les sols après la fonte. Autre argument écologique, ces canons sont alimentés par une électricité renouvelable. En effet nombre d’éoliennes et de panneaux solaires ont vu le jour pour couvrir tous les besoins en énergie. Mais à quel prix ? Des zones d’habitation ont été rasées, dont un village entier, pour y construire une gare gigantesque, des milliers de paysans ont été expropriés ou obligés de louer leurs terres pour 25 ans à la State Power Investment Group, une des cinq plus grandes compagnies d’électricité du pays et ce, pas dans plus grande bienveillance…

Les sites d’épreuves en extérieur se situent à 75 et 180 kilomètres au nord-ouest de Pékin. D’où la construction de la ligne ferroviaire à grade vitesse et la mise en place pour les trajets plus courts de centaines d’autocars qui fonctionneront pour 85% d’entre eux à l’électricité ou à l’hydrogène.

De nombreuses installations seront réutilisées comme sites d’entraînement, transformées en logement, en parc ou en pôle d’attraction pour les entreprises. Un bilan somme toute mi goji mi litchi.

Des invités perturbateurs : les droits de l’homme

Au vu de l’accord tacite passé par le CIO et la Chine lors de l’attribution des Jeux à Pékin, garantissant le respect et la possibilité des athlètes de s’exprimer ainsi que la liberté des médias, on pouvait espérer, une trêve dans la défense des droits humains. Mais tout ce petit monde a fait volte face et le CIO est venu appuyer la politique chinoise. Devant les multiples accros aux droits de l’homme opérés par le gouvernement chinois, citons les internements massifs, les persécutions à l’égard des opposants, journalistes, universitaires, avocat, blogueur, l’affaire de la joueuse de tennis Peng Shuai et la répression des Ouïgours, le CIO au lieu de faire respecter le droit à l’expression des délégations a rappelé aux athlètes qu’ils pouvaient être punis à cause du non respect de la charte olympique. Celle-ci indique qu” aucune forme de manifestation ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée sur… un site olympique “. Quant au gouvernement il a à sa disposition toutes sortes de procédures plus ou moins punitives à la suite de commentaires critiques. Il a donc été conseillé aux participants de ne pas s’exprimer, même sur leur téléphone portable où est installée l’application My 2022 dans laquelle une faille de sécurité aurait été décelée.

Alors en tant que spectateurs que ferez- vous ? Un boycott personnel, comme celui des responsables politiques des Etats Unis, du Canada, de l’Australie et du Royaume Uni, ou au contraire accepterez- vous de garder le masque et de participer au festin télévisuel?

Quant aux athlètes qui ont derrière eux des années de travail, ils auront quand même, dans ces conditions difficiles et un peu stressantes, la possibilité de se mesurer à d’autres compétiteurs, de gagner, de rapporter des médailles et d’être célébrés comme il se doit. Pour eux, il est donc essentiel de participer et bon courage à eux.

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