LES FEMMES ENCORE A COTE DE LA PLAQUE
L’homme de la rue
Non, il ne s’agit pas d’un micro-trottoir et nos hommes des rues n’ont en général rien de commun avec le citoyen lambda. On les retrouve en grand nombre sur les plaques de rue, devenus odonymes ( pour les non initiés, nom propre désignant une voie de communication )et ce sans l’avoir demandé, mais souvent après leur mort.
De grands hommes assurément en renommée mais aussi parfois en taille comme le général de Gaulle qui a donné son nom à plus de 3900 voies. D’autres militaires lui emboîtent le pas, citons le maréchal Foch ou le général Leclerc. Mais ils sont tout de même devancés, avec à la deuxième place, Louis Pasteur et ses quelques 3300 voies et Victor Hugo à la troisième, avec plus de 2500 rues, places et avenues. On trouve donc des représentants de la politique et de l’ histoire, de la littérature et de la science pour le trio gagnant. Nombreux sont aussi les noms de ceux liés aux trois dernières grandes guerres.
Mais où sont les femmes ?
. Certes il faut, en principe, être décédé pour se retrouver au coin des rues. Est-ce que la gente masculine serait par hasard plus touchée par ce fléau que la gente féminine ? Car peu de rues ont des noms de dames, 5% environ. Bien sûr, certaines ont échappé à l’invisibilité culturelle et politique des siècles précédents et des femmes littéraires , George Sand, Colette ou Louise Labé ont percé le plafond de verre de même que la scientifique Marie Curie. Nombre départements ont aussi honoré notre héroïne nationale, Jeanne d’Arc, dans l’espace public mais on peut se demander si elle demeure encore une icone de la cause féminine au vu de ses valeurs que l’on pourrait qualifier de traditionnelles.
D’autant plus que parfois des hommes inconnus ont squatté les coins de rue. En déambulant, qui ne s’est pas demandé qui étaient Charles Gaston Bailly, Victor Allès ou d’autres, connus peut-être à leur époque par leur courage ou leurs exploits, mais sont loin d’être passés à la postérité.
Monopoly édition femmes
Il n’est évidemment pas question de tomber dans le wokisme et de déboulonner toutes nos plaques, ce qui rendrait la vie des facteurs et des utilisateurs urbains beaucoup plus compliquée. Une ville a cependant baptisé la quasi majorité de ses rues de noms féminins. IL s’agit de La Ville-aux-Dames, nom prédestiné, dont le maire a pris dès 1974 cette décision pour sa commune. On pourrait aussi citer la ville de Nantes qui, depuis 2016, a introduit plus de 70% de noms féminins dans sa voierie.
On peut alors rêver d’une nouvelle édition du Monopoly avec des rues Jeanne Moreau, Françoise Giroud ou Jeannie Longo, qui plus est de son vivant, des boulevard Simone de Beauvoir ou Niki de Saint Phalle, une gare Agnès Varda ou Simone Veil. Compte tenu de la présence ses femmes depuis le début du XXè siècle dans les domaines artistiques, littéraires , politiques ou sportifs, le choix est désormais sans limite.
Et l’on ne passerait plus par la case prison mais par celle de La cité Audacieuse, cité de l’égalité et des droits de la femme. On pourrait aussi faire un petit arrêt dans l’antre de la sorcière qui n’a pas toujours été “ bien aimée “.
Si un changement s’impose en odonymie ( voir plus haut ), il ne révolutionnera certainement pas le problème de la perception de l’égalité entre hommes et femmes. En effet tous ces noms sont bien ancrés dans notre quotidien ,avec les intitulés d’adresse ou les injonctions des GPS, sans qu’on y prête une très grande attention. Mais cette masculinisation totalement acceptée joue peut-être un rôle dans l’inconscient collectif et plus d’égalité dans l’espace public pourrait aider à faire évoluer les mentalités des jeunes générations.