EN ORANGE ET NOIR
Orange, couleur de la force, de l'endurance et de l'automne. Noir, couleur de l'obscurité, des ténèbres et de la mort. Deux couleurs ici associées mais pourtant antonymiques. Cette association vous évoque- t-elle quelque chose ? Si vous voyez arriver à la nuit tombée de petites bandes de monstres, fantômes, sorcières, et autres créatures maléfiques qui viennent frapper à votre porte avec la célèbre formule " Trick or treat " pour les bilingues, ou " Des bonbons ou un sort " pour les autres, je pense que maintenant, si ce n'était fait, vous avez trouvé.
Auront-ils à la main une citrouille creusée pour y loger une bougie ? Peut-être, mais plus probablement ce sera la lampe de leur téléphone portable qui leur apportera la lumière, si votre quartier est peu éclairé. S'ils se reportaient à une tradition plus ancienne, ce serait avec un navet contenant un tison qu'ils commémoreraient la tradition de Jack-o'-Lantern, condamné à errer dans l'obscurité entre l'enfer et le paradis.
Ces enfants, qui ce 31 octobre fêteront Halloween, le " All Hallows-even " la veille de tous les saints, ignorent peut-être qu'ils reprennent une tradition irlandaise vieille de 2500 ans, celle de la nuit de Samain, fête religieuse à l'origine, pour célébrer la passage de la saison claire à la saison sombre. Devenue fête païenne, Halloween et sa nuit se sont remplies d'esprits maléfiques. Les habitants pour les faire fuir mettaient des vêtements effrayants et disposaient gâteaux et pommes à l'entrée des villages pour apaiser leur colère. Aux Etats Unis, l'arrivée d'émigrants irlandais et écossais a contribué à faire connaître cette fête, qui est rapidement devenue incontournable pour petits et grands. Au Mexique, el Dia de los Muertos, avec dans les rues ses squelettes et ses crânes, au contraire d'un Halloween très commercialisé, est une célébration empreinte de rituel et de respect, inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité. En France, cette pratique est devenue courante à la fin des années 1990 sous l'influence des marques et des boutiques de farces et attrapes. Effet marketing avant le rush de Noël, cette fête n'a pas vraiment trouvé sa place dans notre pays et les magasins, de plus en plus tournés vers les festivités de fin d'année, ne semblent plus vraiment jouer le jeu. Seuls, nos petits montres résistent.
Quant aux plus âgés, difficile en ce moment pour eux, de ne pas penser aux vrais montres, aux visages cireux et figés, aux visages clownesques et aux gesticulations forcenés, aux visages cachés par les masques et les armes, qui font la triste actualité de notre monde.