DU SECONDAIRE AU TERTIAIRE

De l’usine …

EN 1900 les ateliers Brenier et Neyret, entreprise familiale déjà opérationnelle depuis le milieu du XIX siècle s'installent dans le quartier de la Croix-Rouge de Saint-Martin-d'Hères. Au fil des partenariats et des changements d'associés, l'entreprise en 1948 va finalement prendre le nom de Neyrpic, paronyme inscrit dans la mémoire collective des Grenoblois. Le site de la Croix-Rouge, un des sites grenoblois de la société, sera fermé en 1966 et l'entreprise  revendue à Alsthom puis à General Electric pour une dimension plus internationale, ce qui lui fera perdre son nom, même si celui-ci a perduré chez les ouvriers.
Spécialisée dans la fabrication de grands équipements hydrauliques et mécaniques, l'entreprise a suivi l'évolution énergétique de notre pays en s'investissant dans les forages et le nucléaire. Elle a aussi su naviguer sur la vague du tourisme montagnard de masse en fournissant en téléphériques et remontées mécaniques les stations alpines de la région.
Trois mille personnes ont travaillé sur le site de Saint-Martin-d'Hères dans les années 60. A sa fermeture, l'endroit deviendra une friche industrielle, certainement peu épargnée par l'activité polluante de l'usine qui a laissé derrière elle, métaux lourds, hydrocarbures, PCB et autres contaminations.
 

Au centre commercial Neyrpic

 
Le groupe APSYS, foncière immobilière et promoteur conçoit et réalise des opérations urbaines, entre autre de requalifications, pour, "dixit" rendre la vie de tous plus belle. Le groupe a donc acquis les 4,5 hectares de foncier du site en 2009 et après des années d'études, de recours et de travaux commencés en 2021, son président a inauguré le centre et son ouverture le 2 octobre dernier. Vestiges du passé, quelques façades emblématiques comme celles des Halles Ectra, des murs en pierres meulières et les toitures shed, en dents de scie. Et 50.000 m2 de surface de plancher pour 80 enseignes dites incontournables, 20 restaurants et bientôt un cinéma.                                                                                                                                                                       Ce mercredi 2 octobre, ce sont 35000 personnes qui se sont déplacées pour découvrir ce nouvel espace. On attend de 15000 à 45000 visiteurs quotidiens et jusqu'à 7,5 millions de visiteurs par an. ce qui ne manquera pas d'induire encore plus de pollution.                                                                              Et puis le " Fétichisme de la marchandise", expression empruntée à Marx, a encore frappé. Comment pourrait -on amener la population française à consommer autrement, à se divertir autrement, tout simplement à vivre autrement si on lui propose encore et toujours ce type de consommation des années soixante, à l'image des grands Mall américains ? Même si on a enrobé le produit de façades végétalisées, de panneaux photovoltaïques, d'une promenade à ciel ouvert, d'une coulée verte et même de onze oeuvres d'art, il n'en reste pas moins le symbole d'un mode de vie peut-être dépassé et en tout cas générateur d'un immense gaspillage.                                                                                                                                                                        Et s'il faut parler économie, on peut déjà constater que les débuts du centre commercial ont mis en péril les commerces locaux assez nombreux et le centre ville de Grenoble que plusieurs enseignes ont fui en direction de... Neyrpic. Certes le Centre est présenté comme un booster d'économie et un vivier d'emplois. Mais c'est sans tenir compte d'un avenir incertain, de problèmes financiers pour le pays et ses habitants, de la concurrence du centre commercial Grand' Place déjà agrandi. Avait-on vraiment besoin de consacrer cet espace à des sites marchands? Les forces du profit diront oui et l'avenir dira le reste.



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