DES TROUS DANS LA PASSOIRE

 
 
 
Elles en ont des trous ces passoires thermiques, par où l'hiver le froid rentre et la chaleur l'été. Mais d'autres failles ont surgi dans les solutions gouvernementales pour améliorer leur isolation. 
Pour rappel, cette expression "passoire thermique" est assez récente pour qualifier des constructions qui le sont moins, puisque datant d'avant 1975. La France s'est montrée plutôt bonne élève en Europe avec l'instauration puis l'utilisation assez exigeante du DPE par rapport à nos voisins européens ( Diagnostic de Performance Energétique ).  Du classement des logements de A à G en fonction de leur consommation d'énergie et de leur taux d'émission de gaz à effet de serre, il en est ressorti qu'environ 7 millions de passoires vont être à rénover dans les années à venir et ce, relativement rapidement pour celles qui se retrouvent en série G puisqu'elles vont quitter le marché de la location dès 2025, suivies par les F en 2028 et les E en 2034.

Financement et accompagnement inadaptés

Ces rénovations thermiques ont souvent un coût très important surtout lorsqu'il s'agit de tout isoler, murs, toiture, plancher, menuiseries, chauffage et ventilation. Nos politiques n'avaient pas vraiment pris conscience que beaucoup d'appartements ou petites maisons ont été achetées par des gens modestes à des fins d'occupation et de transmission et que voir son bien dévalué ou invendable, faute de rénovation, pouvait se révéler plus que douloureux.                                               Pour aider ces propriétaires à réaliser les travaux nécessaires, le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs. Mais le parcours entre les différentes aides financières proposées, dont Ma Prime Renov, semblait plutôt labyrinthique. Une fois les obstacles franchis, le restant à charge s'avérait la plupart du temps important. Et ce gouvernement est apparu à cette occasion, encore une fois,  déconnecté des réalités matérielles d'une grande partie de la population.
 

Potentielle reconnexion gouvernementale

 
En effet, le gouvernement a émis le souhait, par la voix de Bruno Lemaire, que le DPE soit modifié pour mieux s'adapter aux types de chauffage et à la configuration des surfaces. De plus, la fiabilité du diagnostic a été un peu remise en cause du fait de sa variabilité, d'où la création en 2024 d'une certification des diagnostiqueurs. Côté finances, il sera proposé aux ménages aux revenus très modestes une prise en charge pouvant atteindre 90% du montant de la rénovation, avec un plafond à 70000 euros contre 35000 à l'heure actuelle. Côté administratif, un accompagnement systématique par un tiers agréé par l'Etat sera proposé pour apporter une aide technique, administrative et financière.
 

Encore quelques trous dans la passoire !

 
Même si les primes ont augmenté, il n'en demeure pas moins vrai  que le reste à charge peut se révéler important pour des ménages aux revenus un peu moins modestes. De plus les rénovations doivent être réalisées par des entreprises qui possèdent le label RGE ( Reconnu Garant de l' Environnement ). Or ces entreprises ont parfois à faire face à des difficultés économiques et administratives, voire de recrutement, ce qui fait que leur nombre est plutôt en baisse alors que la demande sera plutôt en hausse.                                                                                               Et qu'en est-il dans tout cela de notre patrimoine historique ? Peut-on imaginer une rénovation thermique du château de Versailles ou, plus modeste, de nos vieux villages, des immeubles des siècles passés qui bordent nos rues ou d' autres demeures  du passé? Ou encore de nos stations de ski ou de nos stations balnéaires comme la Grande Motte ou Avoriaz par exemple ? Il est bien évident que le coût en serait exorbitant sans compter la complexité de telles rénovations nécessitant architectes, interventions des Bâtiments de France et de diverses administrations.  Il va donc probablement être difficile de tenir le rythme des rénovations thermiques et pourtant leur urgence pour notre pays et ses habitants n'est pas contestable.            
 
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