CA CRAME
Je suis une citoyenne lambda sans engagement syndical ou politique mais je suis en colère de voir notre pays la proie de flammes réelles ou idéologiques et dont l'avenir est bien incertain. Je suis en colère de l'image de notre démocratie offerte à Poutine et consorts. Je suis en colère de voir ce pays très souvent à la traîne dans beaucoup de domaines consacrer son énergie à des combats évitables. Alors à qui la faute sur un terrain déjà miné par des antagonismes irréconciliables, un tripartisme ingérable et des comportements parlementaires plus qu'agressifs? Pour moi et pour la majorité des français qui ont déjà eu à faire face à bien des difficultés, le carton rouge est indéniablement à mettre dans le camp du président pour ses méthodes, ses propos et son absence d'empathie démocratique. Mon dessein n'est donc pas de discourir sur le contenu et l'opportunité de la loi sur les retraites mais de lancer quelques ébauches de réflexion sur le chapitre démocratique.
OUI,
M. Macron, la démocratie n'est pas toujours dans la rue, même si des millions de manifestants contre la réforme l'ont investie. En revanche les 70% des français qui soutiennent ces manifestations pourraient vous poser question sur cette fameuse légitimité de la foule dont vous semblez douter.
NON,
M. Macron, votre légitimité et celle des élus est malheureusement toute relative. Votre présidence n'a été choisie que par à peine 40% des inscrits et les parlementaires ont dû faire face à un taux d'abstention de 53%. Certes ces chiffres de participation, en baisse constante, ne datent pas de votre élection mais ils ne vous donnent pas tout à fait raison quant à la représentativité des élus dans les urnes. Bien sûr, vous n'êtes pas le seul responsable de ce manquement démocratique et d'autres politiques y ont largement contribué...
ALORS, des solutions?
Rester droit dans ses Richelieu et être quasiment exclu du terrain politique ? Bien sûr, une position d'attente permettra peut-être un essoufflement du mouvement et un apaisement des conflits, mais le feu couvera sous la braise des incendies, et rien n'aura été réglé. Votre marge de manoeuvre sera de plus en plus étroite, votre image de plus en plus décriée et notre démocratie sera toujours sous perfusion.
Certains ont l'arme du référendum à la main, comme outil de renouveau démocratique pouvant redonner voix au peuple. Dans les circonstances actuelles, il le serait assurément. Mais il ne semble pas que la possibilité d'y recourir soit dans vos gènes politiques. Cependant cette arme doit être maniée avec précaution car elle peut ne donner qu'une illusion démocratique si la question posée est manipulée pour un résultat attendu. Elle peut aussi devenir un blanc-seing pour des régimes populistes qui pourrait faire adopter des lois liberticides par une population de moins en moins modérée. Ce n'est pas un hasard si les dirigeants du Rassemblement national sont de fervents adeptes de cette pratique. Et puis la voix du plus grand nombre est-elle toujours la meilleure? La peine de mort aurait-elle été abolie en 1981 si l'on avait eu recours à un référendum? La réponse est non car 61% des français de l'époque étaient en faveur de la peine de mort.
Le peuple, près des réalités, contre des élites complètement hors sol est une croyance largement répandue. Quand bien même ce serait une vérité, il faudra bien trouver un mode de vie commun en pensant des structures où les uns et les autres pourront se rencontrer en toute sérénité.
Et si pour restaurer un peu notre démocratie il fallait l'entourer de quelques contraintes, comme rendre le vote obligatoire? Et s'il fallait alors donner au vote blanc toute sa force en lui octroyant une représentativité au sein de toutes les assemblées, depuis les instances nationales jusqu'aux instances municipales. Cela demanderait certes un effort d'imagination constitutionnelle pour donner leur place à des représentants, dans les institutions, du vote blanc et pour les former. Une occasion de faire se rencontrer le peuple et les élites. Cela a déjà eu lieu à une échelle moindre lors de la Convention citoyenne pour le climat, à la différence que les "élus" blancs auraient un véritable pouvoir décisionnel sur une période assez longue.
Mais en attendant une hypothétique république plus démocratique, je suis en colère contre vous M. Macron, car le pays se dirige droit, soit vers un régime d'extrême droite en totale opposition avec mes valeurs et en incapacité de fédérer les français et de faire face à tous les défis d'aujourd'hui,. Soit vers un désir de révolution, souhaitée par une gauche un peu trop extrême, mais elle aussi en incapacité de fédérer les français pour mettre en place des mesures urgentes à notre survie. Peut-on encore espérer, M. Macron, que votre quinquennat n'aboutisse pas, sur " du sang" et des " larmes" ? Personne n'est en mesure de le savoir, pas même vous du haut de votre Olympe ...