Vous le reconnaissez ? Celui qui a envahi depuis le début du mois les réseaux sociaux avec son hashtag "Caddie Mystère ". La grande trouvaille de la distribution pour redorer son blason. En fait, c'est l'enseigne Auchan qui a grillé la priorité aux autres distributeurs avec son opération "chariot mystère " lancée en octobre dernier à Dieppe et inspirée d'une émission américaine. Grand succès auprès de consommateurs plus que séduits et donc élargissement de l'opération à plus d'une quarantaine d'enseignes Auchan, qui proposent un nombre limité de caddies, soigneusement masqués de plastique noir, à l'entrée de leurs grandes surfaces. Emballage un peu moins esthétique que la pochette surprise de notre enfance mais tout aussi alléchant, vu l 'engouement provoqué par cette démarche commerciale.
Le principe Un chariot au contenu inconnu, dont les composants ne seront ni repris, ni échangé. Un prix allant de 50 à 150 euros et qui promet un rabais pouvant aller jusqu'66%. Un contenu préparé à partir d'invendus en petit électroménager, en outillage et accessoires divers. Un aspect ludique, promesse d'un moment d'excitation et de suspense en découvrant les objets mystères. Derrière ce qui semble être une initiative favorable à tous, acte solidaire en faveur des consommateurs en période d'inflation et, en même temps, bon plan pour la distribution , se cachent certaines données à considérer. La loi anti-gaspillage ne se limite plus aux produits alimentaires mais interdit l'élimination des autres produits invendus, soit en pratiquant le recyclage, soit en encourageant les dons aux associations de lutte contre la précarité. Et c'est là que cette opération prend soudain un caractère moins sympathiques s'il s'agit s'échapper aux aides en faveur des plus démunis et à la logistique nécessaire à cette assistance. Même si elle permet une déduction d'impôts, il est certainement plus rentable de remettre ces produits dans le circuit commercial, tout en faisant le buzz et amenant ainsi plus de consommateurs dans les enseignes. Pour les clients, cela favorise un manque de réflexion sur leur consommation et ce, encore plus, en période d' inflation et de réchauffement climatique même s'il ne faut pas laisser de côté la composante plaisir. On peut se demander si les consommateurs auraient acheté ces produits et s'ils en ont vraiment l'utilité. En fin de compte cette infantilisation de l'acheteur me semble plus profitable à la grande distribution qu'à ses usagers, et s'apparenterait davantage à une pratique perdant- gagnant.