RETOUR DE FLAMME
Je vais bientôt renaître de mes cendres ou plutôt des rayons du soleil. Dès le 6 avril, je brûlerai devant les ruines du Temple d'Héra à Olympie. Et puis en route vers Marseille à bord du Belem pour atteindre le Vieux port le 8 mai et pouvoir commencer mon tour de France. C'est que je vais en voir des villes, 400 m'a-t-on dit, dans 64 territoires. Je prendrai même l'avion pour me rendre en Polynésie. Ma soeur jumelle, eh oui, je peux me démultiplier, se rendra en Guadeloupe et en Martinique en catamaran.
Tous les jours, de 8 heures à 19h30, je serai , si on peut dire, sur le pont. Et question dodo dans tout ça? En réalité, la nuit, je ne dormirai pas vraiment mais je pourrai me reposer, à défaut d'un lit douillet, dans une lanterne de sécurité, entourée de mes nounous triées sur le volet qui essaieront de fermer un oeil en ma compagnie. Il ne serait pas bienvenu que je m'éteigne, au sens premier du terme, après le crépuscule.
Pour revenir sur ces longues journées où je serai en représentation, je ne me retrouverai pas tout esseulée mais accompagnée et carrément acheminée par 11000 porteurs qui se relaieront tous les 200 mètres pour 160 relais quotidiens. Je suis donc très heureuse à l'idée de tous ces volontaires ou personnalités prêtes à tenir à bout de bras mon kilo et demi d'acier. Pour continuer à parler physique, je suis également très satisfaite de la couleur de ma torche, unique et lumineuse et de ma silhouette élancée, née des ateliers d'Arcelor Mittal et de la société Guy Degrenne. Et pour entretenir mes 1200 degrés de luminosité, du gaz biosourcé. Ouf nous avons échappé au gaz russe !
En fait, je ne retrouverai jamais seule. Bien évidemment je suis ravie en pensant à tous ces passionnés qui vont venir m'admirer et m'applaudir et j'aurai bien aimé aller de ville en ville dans cette joie et cette insouciance. Mais on doit aussi me protéger. Je me suis demandé qui pouvait me vouloir du mal. On m'a mis en garde contre divers manifestants, écolos, black bloc, partisans de l'ultra droite, voire agriculteurs... et même terroristes. Est-ce vraiment à moi qu'ils en veulent? En tout cas, je serai entourée par des bataillons de gendarmes, policiers et autres membres de la sécurité et protégée par un dispositif plus rapproché de douze motocyclistes en tête de cortège et d'un cordon de dix-huit gendarmes. Finalement je commence à croire à mon importance même si certains départements, au motif que cela leur coûtait trop cher, ont refusé mon passage. C'est vrai que débourser 180000 euros pour me voir me paraît un peu excessif et me fait me sentir un peu courtisane. Mais trêve de pensées négatives et portons notre regard vers mon arrivée à Paris le 14 juillet.
Et puis vers mon jour de gloire le 26 pour la cérémonie d'ouverture des JO et ma dernière étape en direction de la vasque que j'aurai, en compagnie de mon ultime porteur, l'honneur d'embraser.