PAS DE FEU VERT POUR JADOT

La guerre en Ukraine en ce mois de mars a bouleversé l’ordre des préoccupations des Français . Avec le pouvoir d’achat, la situation actuelle dans ce pays est en tête des inquiétudes de chacun et malheureusement, cela ne semble pas vouloir changer rapidement. Cependant l’environnement reste encore une préoccupation majeure avec 25 % de nos concitoyens qui le placent en troisième position. Or Yannick Jadot, le candidat des verts tourne autour des 5% d’intention de vote. On peut donc s’interroger sur cette dichotomie entre ces intentions et l’intérêt des français pour l’écologie.

Un terreau plutôt fertile

Aux dernières élections présidentielles, les verts avaient confié leur sort au candidat du PS, Benoît Hamon, qui n’avait récolté que 6,36% des voix. Choix qui n’a pas permis une véritable représentation sur la plan national.

Mais tout change à partir de 2019 où un tournant a lieu dans l’opinion publique sous l’effet des alertes de plus en plus nombreuses et inquiétantes des climatologues. Ceci va se traduire aux élections européennes de mai 2019 par la conquête de 13 sièges, pour 15,5% des suffrages exprimés. Puis suivent les élections municipales de 2020 et le succès des écologistes. De grandes villes ont pour maires désormais des élus verts. Pour mémoire, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble, Poitiers, Besançon, Tours et Annecy. Sans oublier six autres villes où ils sont représentés grâce à des alliances, comme Paris, Marseille ou Montpellier.

Enfin la primaire écologiste avec ses 122 670 participants, mieux que les 113 038 adhérents de la primaire à droite ,dont certains déjà morts ou fictifs, auguraient d’un avenir plutôt radieux, même si on pouvait lui opposer les 467 000 votants de la primaire populaire, juste peu vide de candidats.

En jachère électorale

51% des électeurs de la primaire écologiste, très courte majorité donc, ont choisi Yannick Jadot comme candidat à l’élection présidentielle. Bien qu’ayant déclaré soutenir le gagnant, Sandrine Rousseau n’a pas renoncé à ses états d’âme et à sa stratégie personnelle, plutôt clivante. Après des propos jugés contestables, elle a été exclue de l’organigramme des équipes de campagne. Premier écueil et petite fissure dans l’unité.

Deuxième écueil. Les décisions de certains maires écologistes ont fait naître quelques polémiques. Rappelons l’affaire du sapin de Noël, celle du tour de France, des repas végétariens ou du refus de subvention à des aéroclubs qui ont éclipsé de bonnes mesures environnementales et sociales, offrant du grain à moudre à toutes les oppositions.

Enfin l’intérêt porté à l’écologie a fait que tous les partis se sont emparés du sujet, dépossédant EELV de son thème de prédilection. Ce qui en soi est plutôt positif mais se révèle être un nouvel écueil pour les Verts. Rajoutons que c’est chez les jeunes que le sentiment écologique est le plus fort mais qu’ils ne l’expriment pas forcément à travers un bulletin de vote.

Un terreau miné par la guerre

La volonté exprimée dans le programme des verts de construire un monde en paix est certes essentielle mais les événements actuels ont fait changer le curseur de place.

Yannick Jadot soutient bien évidemment l’utilisation des sanctions économiques comme moyen d’action contre les forces armées. Il rejette également l’idée que le nucléaire militaire est une force de dissuasion face aux conflits, ce qui semble s’avérer. D’où le désarmement nucléaire préconisé par son programme. Et ce à travers la signature du traité TIAN ( Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ) qui, entré en vigueur le 22 janvier 20121 , a déjà été signé par 86 pays mais qui ne possèdent pas de bombe atomique. La difficulté de le faire adopter par les autres nations semble abyssale. Le candidat préconise aussi la création d’un centre de commandement militaire européen. En revanche, la politique de réduction des armements n’est peut-être plus vraiment à l’ordre du jour. Par contre le contrôle sur les exportations d’armes apparaît absolument nécessaire.

Toutes ces propositions se présentent comme essentielles mais sont-elles à même d’apporter des réponses à la situation actuelle?

Pour expliquer encore le faible score du candidat écologiste dans les sondages, on peut mettre en avant le fait que les Français approuvent les idées des Verts mais ne sont pas prêts à voter pour elles à une élection présidentielle. Contrairement aux Allemands qui ont élu 118 Verts au Bundestag, leur permettant ainsi de participer à un gouvernement d’alliance. Un changement de mode de vie, loin d’être marquant, car Jadot est un homme pragmatique, peut être perçu comme déstabilisant et non applicable. Enfin le candidat, d’après l’opinion d’ un grand nombre de nos concitoyens, n’a pas la carrure d’un président surtout dans la situation que nous vivons même s’il est entré en politique, verte, depuis 1999.

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