L’ECOLOGIE EN TEMPS DE CRISE

Depuis deux ans, nous avons dû tous faire face à une crise sanitaire puis à une guerre aux portes de l’Europe. Notre environnement déjà plus que fragilisé a lui aussi dû subir les conséquences de ces deux bouleversement.

Environnement et virus

Alerte polypropène

Après plus de deux ans de pandémie et une protection des voies respiratoires peu à peu mondialisée grâce aux indispensables masques, le prix à payer au niveau écologique est plutôt élevé. Ils se retrouvent en effet pa rmilliards dans les eaux usées, bouchant parfois les canalisations puis les océans, ou encore sur les sols de nos villes et nos campagnes. Quand on sait que leur décomposition prendra plus de 400 ans, on peut être inquiet sur l’état de nos mers. On peut évoquer aussi les gants de protection, les lingettes désinfectantes, les flacons de gel hydroalcoolique qui s’ajoutent à cette cour des miracles de nos déchets plastiques.

Le polypropylène est en effet un matériau non biodégradable provenant du pétrole. On peut cependant le recycler après plusieurs opérations pour qu’il finisse en fil technique pour la confection textile. Mais pour cela les masques doivent être collectés par des professionnels et l’esprit civique de chacun ou les conditions de récupération n’ont pas toujours été au rendez-vous pour permettre le recyclage des 4 milliards environ de masques jetés chaque jour dans le monde.

Une éclaircie écologique, le confinement

Les confinements imposés ici ou là ont contribué à la baisse des contaminations mais aussi à une embellie écologique.

En France avec une baisse de la circulation de 90%, on a constaté une amélioration de la qualité de l’air de 20 à 30% qui a pu éviter, d’après les calculs des scientifiques, quelque 2300 décès. Sans compter une baisse de la pollution sonore avec un niveau de bruit, qui dans certaines rues de Paris a chuté de presque 90%, augmentant ainsi la portée acoustique des animaux en recherche de nourriture ou de partenaires sexuels.

Avec des flux routiers, aériens ou maritime en forte baisse, la revue scientifique Nature Climate Change, spécialisée en réchauffement climatique, a fait part d’ une diminution de 9% des émissions de CO2.

Les animaux ont retrouvé, l’espace de quelques mois, une nature un peu moins civilisée, avec moins de fauchage, moins de chasseurs et certains d’entre eux se sont rapprochés des côtes, et des villes où la végétation reprenait ses droits.

Autre bénéficiaires de ces moments suspendus, le vélo dont les ventes se sont envolées en 2020 et 2021 créant même une pénurie dans ce secteur.

Un petit point noir cependant, l’augmentation du trafic Internet pour télétravailler, se distraire ou communiquer qui représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. L’instauration du télétravail comme pratique légitime a cependant été bénéfique pour contribuer à une diminution de la circulation.

Mais l’après confinement a vu un retour à la case départ avec un rattrapage du trafic routier puis aérien, une augmentation de la consommation et de la pollution inhérente à ces pratiques.

 

Environnement et guerre

Sur le sol ukrainien

La liste des dégâts environnementaux est vertigineuse et notre propos n’est pas de se pencher sur un bilan humain encore plus catastrophique.

La pollution est partout. Dans les villes où les destructions massives des bâtiments libèrent des particules fines et des métaux lourds. Où le traitement des déchets et des eaux usées ne se fait plus. Où les incendies causés par les bombardements peuvent toucher certaines des 24000 infrastructures industrielles toxiques.

Incendie dans un dépôt pétrolier.

Hausse de la radioactivité sur le site de Tchernobyl

Il ne faut pas oublier non plus le risque nucléaire avec les quinze réacteurs du pays en activité répartis dans quatre centrales. Des points stratégiques donc que les russes aimeraient contrôler pour bloquer l’accès à l’électricité des populations. La centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe a d’ailleurs été touchée par des tirs russes. Au tout début de l’invasion, un convoi russe s’est emparé de la centrale nucléaire de Tchernobyl traversant une zone hautement toxique la “ Forêt rousse “ sans équipement de protection.

Pollution de l’air, des sols, de l’eau et aussi destruction de la biodiversité, dont on ne mesure pas encore l’impact. L’Ukraine dont la superficie couvre 6 % du territoire européen concentre 35% de la faune et de la flore du continent. Le pays compte 39 parcs nationaux et cinquante zone humides dont on ne sait pas s’ils ont pu être entretenus ou protégés.

Sur le sol français et européen

Pour l’instant ne sont visibles que les premières conséquences économiques de cette guerre, avec l’augmentation des tarifs de l’énergie et des prix des produits alimentaires.

Au niveau écologique, les effets seront plus longs à percevoir. Mais on peut déjà en pressentir quelques-uns. Les manques liés à de moindres exportations de volailles et oeufs provenant d’Ukraine peut inciter au développement d’élevage intensif de poules et poulets.

La diminution, voire l’absence, des récoltes prochaines de maïs, de tournesol et de blé risquent de favoriser l’agriculture intensive et de conduire à une augmentation des rendements via les intrants au détriment de l’agriculture bio, des prairies, de la qualité de l’air et donc de la biodiversité.

Quant à l’approvisionnement en gaz et pétrole russe, les nations européennes restent pour l’instant dans le statuquo. Si ces ressources en hydrocarbure venaient à manquer, ce serait une épreuve pour l’économie. En revanche, du point de vue écologique, on pourrait penser à une diminution des déplacements et à une moindre pollution de l’air grâce à une utilisation plus économe des modes de chauffage.

Mais à ce jour cette guerre touche avant tout les habitants de ce pays avec des milliers de morts et de blessés, des conditions de vie épouvantables pour ceux qui sont restés et qui voient leurs villes en ruines, et des millions de déplacés.

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