Les Gabin, Ventura, Blier, Wayne et autres consorts, ou du moins les personnages qu'ils ont incarnés à l'écran, doivent se retourner dans leurs tombes. La main au cul, le baiser forcé pour la femme collée au mur ou jetée sur un lit, voire la gifle pour faire marcher droit toutes ces blondes décervelées, puériles et aguichantes étaient monnaie courante. Bien sûr, ils respectaient davantage les autres , bonnes épouses, bonnes mères, bonnes ménagères, à leur service depuis la nuit des temps. Alors, un baiser non consenti , késaKo?
Et dire qu'il aurait suffi qu'il déplace son visage et ses lèvres de quelques centimètres pour que Luis Rubiales, président de la fédération espagnole de football, soit toujours à son poste, pour qu'il échappe à une tempête médiatique, pour qu'il ne soit pas obligé de mettre en vente son appartement de Madrid à 1,5 millions d'euros, pour survivre. A quoi tient le destin d'un homme puissant et fortement " couillu "!
A ce propos, notre homme s'était déjà fait remarquer pendant la finale de la Coupe du monde de football féminin pour un déplacement provocateur de sa main vers ses parties intimes. Et ce devant des spectatrices de choix, la reine Letizia, épouse de Felipe VI, et sa fille de 16ans Sofia. La faute probablement à un gène masculiniste, qui le rend parfois un peu violent, il a été dans le passé accusé d'agression physique, un peu canaille, impliqué avec le footballeur Gérard Piqué dans une affaire de commissions secrètes, un peu débauché aussi pour avoir organisé, avec l'argent de la fédération, des orgies.
Bien sûr, Luis Rubiales ne comprend pas ce qui se passe, se présente comme la victime d'une cabale, de ses ennemis, peut-être du féminisme ambiant et donc ne montre aucun remords, ni ne présente aucune excuse. Pour lui ce baiser était un moment de joie pure, à coup sûr la sienne, sans qu'il s'interroge sur celle de Jennifer Hermoso. Cette dédramatisation de ses actes découle d'un atavisme patriarcal qui fait qu'il ne se pose aucune question sur ces gestes quasiment réflexes qui ont fait partie du quotidien de certains hommes depuis bien longtemps, et ce quasiment jusqu'à l'arrivée du mouvement #MeToo en 2017.
Et maintenant, soyons fou ou folle et imaginons la fiction suivante. Luisa Carva Barras, présidente de la Fédération espagnole de football, après une victoire de l'équipe masculine en Coupe du monde, s 'empare de la bouche pulpeuse d'un joueur, avant de lui mettre la main aux fesses. Geste inapproprié, agression sexuelle, hystérie féminine ou moment de pur bonheur ,pour l'un et l'autre?
Depuis une récente réforme du code pénal espagnol, le baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle.
