LES MOTS DE MEME
Mémé parlait parfois ni peu ni assez et avait des mots fleuris pour caractériser certains de ses congénères : la payse, le bédigas, le fada, la testaille, le pébron, le jobastre. Mais tout le monde comprendra que dans certains départements du sud de la France ces mots doux coulent comme le fleuve qui les traverse sans déclencher nombre de bugnes d’autant que les personnes concernées sont en général absentes.
Quant aux petits ennuis de la vie quotidiennes, Mémé avait ses mots pour les évoquer. Ensuquée, escagassée, esquichée, entrablée, dépenaillée, elle avait encore la force de blaguer.
Elle aimait aussi baruler sans aller jusqu’à faire la pante et être coufle.
Mémé se laissait aller à maronner, sans franchir la barre des grossièretés du “tu me fais caguer “ ,surtout quand il fallait rapetasser les brailles ou passer la patte. Pour la biasse, elle choisissait des tartiffles non pétafinées et cuisinait la bombine accompagnée de caillettes et de godiveaux.
Boudi, un vrai tron de l’air ma petite grand-mère mais qui s’attendrissait, mouillée de chaud sous le soleil de l’été, entre autre émoi, devant mon petit rhône qui faisait fuir les légrémies des sentiers ardéchois.
Ah, les souvenirs, ça vous pègue au coeur, comme une confiture de gingérine un peu cramée…